Implanter une centrale d’enrobés à 300 mètres d’un lycée… Qui de mieux placés que les élèves pour débattre de ce sujet ? Et pourtant on les prive de cette liberté d’expression…
Et vous ? Vous en pensez quoi ?

« Myra Jallon, 16 ans, avait bien travaillé le sujet. “Et on a toujours tout fait dans les règles”, assure l’élève de premier au lycée Astrée de Boën-sur-Lignon. Elle fait partie des 14 élèves privés de débat sur l’installation de la centrale à bitume sur la commune, organisé dans le cadre de leur cours d’histoire-géographie »
“C’est un sujet trop polémique parce qu’on est trop proche de la centrale d’un point de vue géographique”, réagit aujourd’hui Mireille Chovet, proviseurs du lycée, suite à la révélation de l’affaire par Médiapart »
« Une décision qui a fait bondir les adolescents. “J’ai carrément le sentiment d’avoir été censurée. Peut-être pour de bonnes raisons, mais on a toujours l’impression qu’on n’a pas le droit de se faire entendre, surtout à notre âge”, dénonce Myra »
« Il faut dire que le projet de centrale est particulièrement sensible à Boën-sur-Lignon. Depuis 2016, un industriel tente de l’implanter à 300 mètres, à vol d’oiseau, d’une crèche, de l’hôpital, du collège… et du lycée. Une proximité qui alimente les tensions »
“C’est vrai que j’ai déjà mon avis sur le sujet”, reconnaît Myra qui entend parler de cette centrale “à table” depuis plusieurs années, mais elle assure que sa professeure avait abordé le sujet avec sérieux et recul. “C’était une classe assez mature, qui avait bien compris l’enjeu. On s’était bien préparés pour ne pas donner nos avis personnels. On a essayé de respecter au maximum, et on a tous fait du bon travail”
« Le projet prévoyait d’ailleurs un débat filmé, avec la participation d’élus, d’industriels de citoyens engagés et de représentants de l’État. “Je trouvais ça intéressant de savoir quels pouvaient être les différents avis et les arguments qui allaient avec”, ajoute Myra. Mais c’est précisément l’invitation des services de la préfecture par l’enseignante qui a déclenché l’annulation du débat. “Ce n’est pas possible qu’un professeur invite le préfet, le représentant de l’État, sans passer par le chef d’établissement. Le protocole est très important. On ne fait pas ce qu’on veut, comme on veut, quand on veut”, estime Mireille Chovet »
« L’enseignante à l’origine du projet n’a pas été sanctionnée, mais elle a été convoquée à un entretien avec son inspecteur d’académie. Astreinte à un devoir de réserve, elle n’a pas pu s’exprimer publiquement. »
« Pour Philippe Grenier aussi, ce travail aurait au contraire été l’occasion d’éveiller leur esprit critique. “Les ados savent très bien se faire leur propre opinion, que ce soit avec les parents ou via les réseaux sociaux. Je ne crois pas qu’on ait une majorité de gamins qui répètent bêtement ce qu’on leur donne”, affirme le parent d’élève, par ailleurs opposant au projet. »