Serait-ce l’amorce d’une reculade ? On pourrait le croire à l’écoute des débats du conseil communautaire de Gaillac-Graulhet, lundi soir. Alors que l’agglomération avait acté en 2022, et confirmé en 2023, la vente d’un terrain destiné à la future usine d’enrobés à Montans, bien peu de voix se sont élevées pour défendre le projet, face aux membres du collectif « No Bitume », venus en nombre.
Ce dernier s’est invité dans les débats, en réunissant une soixantaine d’opposants munis de banderoles devant le siège de l’Agglo. Il a néanmoins fallu attendre les « questions diverses » pour que le sujet soit évoqué par Gabriel Carramusa après 2 h 30 de discussions techniques. « La mobilisation contre l’usine va crescendo. Il serait bon que l’Agglo sorte de sa position ‘droit dans ses bottes’ pour engager le débat avec les personnes du collectif », interpelle l’élu gaillacois, en rappelant les réserves de plusieurs communes, comme Parisot, Peyrole, Lisle-sur-Tarn et Gaillac.
Paul Salvador temporise : « A ce jour, nous n’avons toujours pas signé l’acte de vente. Personne dans cette assemblée n’a envie de se retrouver dans une situation compliquée tant pour l’activité économique que pour les citoyens. Croyez que j’ai envie d’empoisonner qui que ce soit ? », se défend le président, qui fait l’objet d’une enquête pour prise illégale d’intérêts sur la vente de ce terrain. « Ce moment de pause devrait être mis à contribution pour discuter avec les habitants », renchérit Gabriel Carramusa, qui propose alors de laisser la parole aux membres du collectif.
Pris de court, Paul Salvador accepte la proposition… à condition de lire lui-même la déclaration préparée par les opposants. S’ensuit une scène cocasse, où le président fait lecture d’une charge contre sa collectivité, accusée de « manque de transparence », d’avoir « empêché l’accès » à certains documents et d’avoir voté « sans savoir de quoi il retournait ».
« Nous avons fait une erreur »
« Je le lis, mais vous ne m’en voudrez pas de contester car c’est faux », rétorque Paul Salvador : « Nous avons essayé d’informer au maximum, nous avons accepté de vous rencontrer. J’accepte le débat », poursuit l’élu. Un membre du public l’interpelle : « Vous avez accepté de réaliser des réunions publiques ? ». « Je n’ai pas reçu de demandes », répond le président. « C’est faux ! », l’accuse sa vice-présidente, Maryline Lherm, qui a récemment rejoint le rang des bitumo-sceptiques.
« Quand on a voté la vente de ce terrain, nous n’avons pas pris en compte l’intégralité du sujet, poursuit la maire de Lisle-sur-Tarn. Les temps ont changé. Il paraît que notre vote est irrévocable. Mais il faut que le débat ait lieu. On a besoin de clarté ». « Nous avons fait une erreur. Nous avons les moyens de réparer cette faute », renchérit le maire de Peyrole, Richard Bruneau.
La suite est pour le moins confuse. Alors que Paul Salvador renvoie la balle vers le Préfet, dont il laisse entendre qu’il serait prêt à retravailler le sujet », une militante prend le micro pour évoquer le « nuage de Tchernobyl ». C’en est trop pour les élus qui lèvent la séance sans y avoir été invités. On retiendra de cette ébauche de débat sur l’usine d’enrobés que personne n’a pris la parole pour la défendre.
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