Fédération pour des Alternatives au Bitume pétrolier

Comment la centrale Tarn Enrobés de Lafenasse pollue en toute (il)légalité. Épisode 4 : Et maintenant ?

Comment la centrale Tarn Enrobés de Lafenasse pollue en toute (il)légalité

 

Épisode 4 : Et maintenant ?

 

 

En 2019, un rapport d’inspection de la centrale de Lafenasse relevait une concentration en oxydes de soufre dans les rejets atmosphériques beaucoup trop élevée par rapport au seuil « acceptable ». La concentration mesurée était de 807 mg/Nm3 pour un seuil « acceptable » de 300 mg/Nm3.

 

« Le procédé de fabrication doit être revu », indiquait le rapport d’inspection, « pour ramener la teneur des fumées en oxydes de soufre à un niveau acceptable inférieur à 300 mg/Nm3 ». Le rapport d’inspection donnait « trois mois » à l’exploitant pour se mettre en conformité.

 

Ce rapport d’inspection, visé par la direction de la DREAL Tarn-Aveyron qui en « adoptait les conclusions », fut immédiatement transmis au Préfet du Tarn.

 

Deux ans après, en 2021, la concentration mesurée en oxydes de soufre était de 642 mg/Nm3, soit encore deux fois le seuil « acceptable ». En 2022, elle demeurait à ce même niveau, et en 2023 s’établissait à 497 mg/Nm3.

 

Un arrêté préfectoral d’autorisation défectueux, comme celui délivré à Tarn Enrobés en 1997, c’est un permis de polluer illégal et beaucoup trop généreux.

 

Un arrêté préfectoral d’autorisation défectueux doublé d’une surveillance préfectorale défectueuse, c’est une mise en danger de la vie des personnes habitant à proximité de la centrale et la possibilité d’une pollution massive et continue de l’environnement.

 

La première chose à faire aujourd’hui est d’arrêter la centrale afin que l’exploitant procède aux travaux nécessaires pour la mise en conformité avec l’injonction formulée il y a… cinq ans par les services de la Préfecture.

 

La deuxième chose est une mise en conformité de l’arrêté préfectoral d’autorisation. Des services supposés juger de la conformité d’une installation industrielle qui produisent eux-mêmes un arrêté d’autorisation d’exploitation non conforme et non évolutif au regard du développement des normes environnementales, voilà qui a de quoi inquiéter.

 

La troisième chose est que l’État engage une étude d’évaluation des risques sanitaires (ERS) rétrospective. Cette étude proposerait un bilan de la pollution engendrée par la centrale depuis 1997, permettant de qualifier et de quantifier les impacts de l’exploitation de la centrale sur la santé des habitants du territoire, notamment sur les enfants, lesquels sont plus vulnérables que les adultes à l’exposition aux nombreuses substances toxiques (apparition croissante de clusters de cancers pédiatriques en France). Elle devrait ainsi rendre compte de la vulnérabilité des milieux (air, eau, sol) à la pollution provoquée par la centrale depuis plus de 25 ans.

 

La quatrième chose est d’empêcher l’implantation d’une nouvelle centrale d’enrobage à chaud par le consortium Tarn Enrobés sur le territoire du Centre Tarn. Tarn Enrobés, qui associe Eiffage, Eurovia et Spie Batignolles, n’a pas « subi » les défaillances du système de surveillance préfectoral. Le consortium en a amplement usé et abusé, comme le démontrent, entre autres, sa pollution d’une rivière, le Dadou, pendant des années en toute connaissance de cause, ses manquements dans la maintenance de l’usine et l’absence de toute modernisation qui aurait permis de limiter le niveau de pollution.

Plus largement, c’est l’installation de toute nouvelle centrale qui doit être mise en question par les citoyens et leurs élus. Les conditions ne sont pas réunies pour que soit garantie la protection de la santé des personnes et de l’environnement.

Rappelons qu’il existe 500 à 600 centrales fixes d’enrobage à chaud sur le territoire français (capacité de production qui dépasse de loin les besoins essentiels de la France en enrobé). Le chiffre inquiète au regard de ce que nous avons appris ici des conditions d’activité et de surveillance d’une de ces installations.

 

Ce sont les tristes conclusions d’une enquête réalisée par des citoyens à partir de simples documents officiels et publics, disponibles pour tout un chacun.

 

Malgré l’absence de soutien d’une quelconque autorité, malgré l’absence de moyens administratifs et matériels, ces citoyens essayent de comprendre et d’établir la vérité, y consacrant bénévolement leurs journées et, pour les actifs, leurs soirées, leurs nuits, leurs week-ends.

 

Ils espèrent cette fois être enfin entendus. 

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