« C’EST LA SEULE FAÇON DE DÉCARBONER LA CONSTRUCTION DES ROUTES », l’Ille-et-Vilaine précurseur dans l’entretien de sa voirie
« C’est une technique propre au Département, puisqu’ici, nous sommes dans une usine administrative. Grâce à ça, nous avons une totale maîtrise sur nos productions, c’est ce qui nous permet de fabriquer ce type d’enrobé. Le gros point positif, c’est la consommation de CO2. On va diminuer avec la même production de 70% de notre consommation de carbone. Parce que nous, pour créer ce produit, on a seulement besoin de monter à des températures autour de 70 degrés. Alors que les enrobés à chaud nécessitent de chauffer à 160 degrés », explique Stéphane Lepaisant, chef du service travaux des routes du Département d’Ille-et-Vilaine »
« L’autre point positif de l’enrobé dit à froid, c’est son coût de fabrication. « Puisqu’on chauffe beaucoup moins les produits, et qu’on n’a pas besoin de les maintenir à 160°C sur le chantier, on réduit drastiquement, à peu près de 60%, le besoin en énergie. Le mètre carré d’enrobé à froid c’est 6€. Pour de l’enrobé à chaud, c’est entre 15€ et 20€ du mètre carré. C’est donc écologique et économique, c’est la seule façon pour décarboner la construction des routes », confesse Gildas Le Rille, responsable de l’usine de production »
« Sur le papier, cette technique semble donc être la panacée en matière de construction routière. Pourtant, elle comporte aussi des failles. « Déjà, c’est un procédé assez complexe à mettre en place dans une usine, ensuite, ça demande plus de vigilance lors de la mise en œuvre sur un chantier. Mais le gros problème pour l’instant, c’est qu’on ne peut pas l’appliquer sur tout le réseau routier. Par exemple, on ne peut pas mettre d’enrobé produit à froid sur les routes départementales où transitent plus de 200 poids lourds par jour. Après, dans l’état actuel des choses, on peut appliquer l’enrobé à froid sur 70% de nos routes en Ille-et-Vilaine », détaille Stéphane Lepaisant, le chef du service travaux des routes du département »
« L’Ille-et-Vilaine compense donc ce trou technologique en produisant quand même son enrobé plus classique dit à chaud, mais plus pour longtemps. « Le Département fait partie d’un grand projet national qui a pour but justement d’améliorer encore la technique à froid, pour qu’elle puisse supporter davantage de trafic. Ça va mettre du temps, mais toute la filière est sur le pied de guerre. Maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage, laboratoires, entreprises privées, on travaille tous ensemble pour améliorer les choses. Parce que finalement, l’utilisation des émulsions de bitume à froid, c’est un grand vecteur de décarbonation de l’entretien routier »
Moins on chauffe… C’est moins de CO2… Et c’est moins de fumée nocives !!!
Fumées de bitume
« Les fumées de bitume contiennent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dont le Benzo[a]Pyrène (BaP), le naphtalène, le pyrène. Le BaP est classé par le CLP comme cancérogène de catégorie 1B (susceptible de provoquer le cancer), sa concentration de ces produits dans les fumées est faible, largement en dessous des valeurs limite d’exposition professionnelle (VLEP), quand elles existent, mais le nombre de substances différentes émises est important. Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a ainsi classé l’exposition aux fumées de bitumes lors des travaux de revêtements routiers comme possiblement cancérogène pour l’homme (groupe 2B) »
« Augmenter la température du bitume de 12 °C produit deux fois plus de fumées de bitume (l’augmenter de 24 °C, quatre fois plus, etc.) »