« Les opposants à l’A69 ne sont jamais à court d’idées. Ils lancent ce mois-ci l’opération «Zéphyr», qui consiste à déployer des capteurs de pollution autour des deux futures centrales d’enrobés qui produiront le revêtement de l’autoroute »
« Quatre «geeks» campagnards ont passé six mois le nez dans leurs lignes de code. Ils constituent les troupes, restées secrètes jusqu’en ce mois de mai, de «l’opération Zéphyr», lancée officiellement cette semaine par les opposants à l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Ils appartiennent à la branche «Sans bitume» qui depuis l’automne dernier réunit douze nouveaux collectifs de villageois inquiets à la perspective de voir débarquer ce qu’ils appellent des «usines à goudron».
« Atosca se veut rassurant sur l’aspect «pollution» qui inquiète les habitants : les centrales, a-t-il déjà indiqué dans ses réunions publiques et communiqués, se conformeront «strictement à la réglementation en vigueur sur la qualité de l’air». «Dormez tranquille braves gens», ironise, pas du tout convaincu, «Jacques», qui a orchestré l’opération Zéphyr, appelée aussi dans les rangs «Atrosca, ça dégaze». Cette dernière consiste à déployer, chez des particuliers vivant près des centrales, une petite forêt «de 50 à 100 capteurs de pollution».
« Utilisé habituellement pour le contrôle les émissions de machines comme les chaudières, l’appareil est capable de mesurer «les particules fines, mais aussi les oxydes d’azote, les concentrations en CO2 ou encore les composés organiques volatils». Disponible à 79 euros – «un prix qu’on peut partager entre voisins», précise Jacques – il suffit de le placer à 2,50-3 mètres de haut, de lui fournir une alimentation électrique via un câble USB et de s’assurer qu’il capte un réseau wifi stable. «On se déplace pour l’installation et peut-être qu’il faudra le réinitialiser de temps en temps», précise l’habitant du Lauragais. Mais, c’est tout. L’équipe s’est chargée du programme informatique pour la collecte des données (qui resteront confidentielles) et leur transformation en «carte dynamique» permettant de visualiser «en temps réel» les pollutions autour des centrales »
« Le dispositif sera opérationnel quand les centrales se mettront à tourner, soit probablement début 2025. Et il sera prêt, au mieux «à mettre la pression», au pire à donner l’alerte si les seuils sont dépassés. Le message que veulent transmettre les opposants, c’est que les mots ne suffisent pas et qu’il y aura un contrôle à la fois sérieux et «citoyen» des deux sites. L’équipe Zéphyr veut aussi démontrer au concessionnaire, s’il en doutait, que «les ressources intellectuelles du territoire sont énormes»