Fédération pour des Alternatives au Bitume pétrolier

Autoroute A69 Castres – Toulouse : un réseau citoyen va contrôler la pollution de l’air

Autoroute A69 Castres – Toulouse : un réseau citoyen va contrôler la pollution de l’air autour des futures centrales à enrobé

LDDM Publié le 03/02/2025 à 17:01
Cyrille Masson
Peu convaincus par les contrôles de l’État, les collectifs « sans bitume », opposés à l’autoroute A69, sont en train de déployer leur propre réseau de surveillance de la pollution de l’air. Un réseau citoyen, qui s’appuie sur 70 capteurs déployés autour des futures centrales à enrobés. Explications.
« Si l’État mettait en place un système d’alerte au moindre dépassement de seuil, les centrales à bitume ne pourraient plus fonctionner ! » Peter Quince, du collectif Lauragais Sans Bitume, est en profond désaccord avec le plan de surveillance de la pollution de l’air proposé par l’État, autour des lieux d’implantation des futures centrales à bitume, à Puylaurens et Villeneuve-lès-Lavaur.

Ces « centrales à enrobé provisoires », c’est le terme officiel, vont produire le revêtement de surface de l’autoroute A69. 12 collectifs de « sans bitume », qui dénoncent notamment des risques liés à la pollution pour les riverains des futures centrales ont donc, début 2024, lancé la fabrication de « capteurs de pollution », les « Zéphyr », mettant ainsi en place un véritable réseau de surveillance amateur.
Des capteurs et une application.
Car les collectifs estiment que le plan de surveillance de la qualité de l’air proposé par l’État n’est pas suffisant. « Le problème, explique Peter Quince, c’est qu’il n’y a pas d’alerte pollution en direct. Si leurs capteurs relèvent des seuils de pollution de l’air supérieurs aux normes, on ne le saura qu’au bout d’un mois ! Derrière, il faudra de nouvelles analyses… Et en cas de dépassement de seuil, la fermeture de la centrale n’est pas automatique ! » Une « inertie » qui inquiète les collectifs de riverains, qui de plus mettent actuellement en place « une application de signalement des nuisances liées aux centrales », un outil qui permettra à la population « de sonner l’alarme. »
L’un des concepteurs de ces appareils Zéphyr est Jean-Noël Raynaud, du collectif Lauragais Sans Bitume. Il explique la démarche : « Quand nous avons eu connaissance de l’installation des centrales à bitume, on s’est dit qu’il y avait, techniquement, des possibilités de mesurer la pollution de l’air. L’idée de Zéphyr, c’est de créer des capteurs capables de mesurer l’état de la pollution de l’air en temps réel. »
« Sonner l’alarme »
Des capteurs accessibles à tous, aussi :  » il n’y avait pas grand-chose dans le commerce, et le peu qui existait était très cher. Notre petit capteur est basé sur une technologie utilisée dans les systèmes de purification de l’air, en open source, et fabriqué à base d’impression 3D ! » Il en coûte donc quelques dizaines d’euros et un peu de débrouillardise pour s’équiper. Les collectifs ont ainsi, en quelques mois, déployé 70 capteurs sur le territoire qui accueillera les centrales. Toutes les 5 minutes, les Zéphyr envoient leurs données vers un serveur : « c’est un véritable réseau d’alerte », raconte Peter Quince. « On a été surpris du succès auprès de la population, elle s’est jetée sur les capteurs. Ça en dit long sur leur inquiétude. »

L’État a, début décembre 2024, détaillé le plan et les procédures qui seront mises en place. La Préfecture du Tarn et la DREAL ont exposé les mesures prévues en cas d’incident. C’est INERIS, un expert indépendant, qui mènera le dossier. Par ailleurs, la mise en place d’instances de suivi spécifiques a été actée, intégrant élus, riverains, collectifs et services de l’État. Le compte n’y est pas pour les collectifs Sans Bitume, qui espèrent installer encore une trentaine de capteurs Zéphyr d’ici les mises en service des centrales, qui devraient être installées « à partir de mars 2025 ».